Salut Mom,

Décidément, 2020 n'est pas ce qu'on s'attendait d'elle alors que ce matin tu nous quittais, quelques mois à peine après que tes anges gardiens auront tout fait pour te protéger de cette maladie qui a déjà affecté tant de vie, voilà qu'une autre maladie est venu te donner un dernier croque-en-jambe, comme une occasion donnée pour aller rejoindre Pa et tous ceux disparus que tu aimais tant.

Il y a eu cette "nième" et dernière "vie", celle de tes derniers 18 mois suite au départ de Pa que peu de gens ont connu, car, ton Alzheimer et ton lieu de résidence, semblaient tellement austère à première vue. Mais c'était simplement une nouvelle vie, avec tout plein de drôle et moins drôle histoire, avec tout pleins de nouvelles personnes que tu côtoyais et qui avaient, chacune d'elles, une histoire bien personnel. Et dans ces 18 mois, tu auras réussi à marquer tout plein de gens surtout parmi ceux qui étaient là pour s'occuper de toi, ceux qui ont mérité davantage le titre d'ange gardien durant la pandémie. C'est fou combien on riait avec toi avec nos conneries, ton sens de l'humour et ton comportement des plus attachants. Si le tout fut une belle histoire c'est à cause de tous ces gens qu'y s'occupaient de toi et qui méritent ma reconnaissance en abordant leur contribution ici en début de ma lettre. Chapeaux à ceux qui se sont occupés de ma mère au CHSLD de Blainville, et avant février dernier, au CHSLD Drapeau-Deschambault de Sainte-Thérèse. Et on lui dit à "internet" que ton ange-gardienne en chef se nommait Véronique, hein, on lui dit?


Tu te rappelles ce que je disais "à Bro", que moi on m'avait "choisi" (et non "subis" pour être un parfait baveux!). Wow quelle chance que d'avoir été "choisi" par toi et Pa, on ne pourrait imaginer une meilleure chance donnée par la vie alors que quelqu'un d'autre n'a pas pu/su me garder. Je ne me suis jamais imaginé ce que ma vie aurait pu être si je n'avais pas été mis "au ballotage" pour que tu viennes m'y "repêcher". Il y a des gens qui gagnent à naitre dans de grande et belle famille, mais il faut être doublement chanceux par la vie que d'avoir été adopté par des parents tel que toi et Pa.

La majorité des gens qui liront ceci et qui te connaisse auront eu la chance de te connaitre avant cette dernière et "nième" vie, là où tu as le plus touché et marqué les gens, là où ton petit quotidien était parsemé de magie tant il était rempli de petites attentions pour tous, et en priorité pour tes enfants et petits enfant gâtée au quotidien. Quand tu venais à la maison voir les enfants, c'était toujours la fête, tu arrivais toujours avec mille-et-un desserts, et tu nous compliquais la vie en quelque sort, car il fallait choisir lequel on voulait... alors qu'on avait aussi le droit de tout les prendre.

Ce côté magique, j'y ai souvent pensé en allant te visiter au CHSLD et je pensais à Grand-Maman, ta mère, que tu visitais à l'époque. Je me souviens des quelques fois où vous disiez aux résidents, et aussi au personnel, qu'en fin de semaine vous apporterez "le lunch" pour tout le monde... Et j'imagine Pa, encore une fois, faisant des allés-retour vers son camion pour aller chercher tous les plats et installer le tout sur les tables de la salle commune du CHSLD Hubert Maisonneuve. Tu nous auras peut-être appris l'importance d'aller visiter en CHSLD, mais malheureusement pour ceux qui s'occupaient de toi ou qu'y t'y côtoyais, tu ne nous auras pas appris à faire de tels festins pour eux.

Merci pour tout ce que tu as fait pour moi, ce que tu as fait pour ma famille, mes enfants, c'est fou l'impact que tu as eu pour nous tous, nous rendant tous plus forts et plus confiants à la vie grâce à ta présence toute subtile pour rendre la vie encore plus belle, plus facile, avec tous tes petits gestes d'une efficacité extrême.

Je pense aux derniers mois de vie de Pa, et des tiens, et je suis fière qu'il y ait eu une continuité dans les deux cas de la présence de Bro, et de la mienne à côté de lui. Ce fut peu à comparer à ce que tu as fait pour nous, mais je sais que tu étais contente de nous voir, même si des fois ta maladie essayait de nous faire croire autrement.

Je suis certain que nos conneries n'étaient rien à comparé de celles qu'y t'attendent à côté de Pa.