Aller à des funérailles n’est pas un acte de plaisir d’où on revient normalement d’y avoir souris et même ris, n’y un lieu de belles expériences enrichissante .. Essayer de dire le contraire serait pure fabulation. Quoi que...
Bien entendu il y a l’histoire de fond qui est d’une tristesse des plus saisissante. Une mère de trois jeunes enfants (10 ans et moins) qui décède 52 jours après le premier diagnostique d’une tumeur au cerveau. Une jeune mère de mon coin de pays qui a décidée il y a un peu moins de 15 ans d’aller travailler aux Etats-Unis. Elle n’est donc pas "autour des siens" quand toute sa vie chamboule...
Elle est infirmière. C’est un détail dans l’histoire. Qu’elle travaillait dans le même hôpital, même département, que celui où elle fut soignée aide à sentir l’émotion qui a du entourer ces 52 jours de combats. Il y a des jours où je me demande comment font les médecins et les infirmières quand la "vraie vie" les rattrape ainsi à devoir soigner leurs propres enfants/parents/amis et collègues. Peut-être que de faire un genre de "pont humain" de tous les infirmières et médecins dans le couloir de l’hôpital est leur façon de souligner leur grande sensibilité dans de tels cas.
Pour moi cette infirmière dont il est question c’est la soeur d’un ami. Un ami dont je connais bien la mère et quelque peu la famille. Je connais la famille à travers les récits que m’a racontés mon ami à travers les presque 30 ans que l’on se connait, à travers les histoires qu’il nous ont racontés lui et son épouse. Car d’ami de CEGEP il est devenu ami, s’est marié deux semaines avant nous et depuis nos familles gravitent mutuellement l’une autour de l’autre, tout en se rejoignant à l'occasion. Vous pouvez imaginer les similitudes de tout ces "presque en même temps": mariage, maison, naissance, Volvo (moi j’ai encore la mienne, lalère), vacances familiales, graduation, enfants à l’université, etc.
En plus de connaitre l’ami, je connais la mère par ce qu’elle m’a "adopté" à sa façon il y a fort longtemps quand elle souriait de voir les complicités et ressemblance que son fils et moi avions (j'étais plus beau, Lol). Ca doit être un truc que j’ai de me faire ainsi "adopter", c'était la deuxième fois en presque 20 ans… Je connais la mère, et la famille, aussi par le blogue que la mère maintient depuis plusieurs années (bien avant facebook, son fils est geek aussi, il lui a montré comment faire!) et par le fait que dans ce blogue elle y parle quelques fois de sa famille. Elle y met aussi des photos à l’occasion. Et de voir tous ces visages "familiers" en vrai fut assez particulier. C’était comme si je rencontrais mes amis "internet" en vrai. J’ai aussi rencontré pour la première fois une amie facebook…
Ce fut à cause de cette "proximité" que nous avons décidée d’aller au funéraire Marie et moi, bien que le lieu n’était pas à côté. La ville "d’adoption" de notre belle infirmière fut Hanover (sans g au milieu) au New Hampshire. Belle ville universitaire que nous avons découverte en y marchant plusieurs heures (n'y voyez pas un lien avec le fitbit là, quoi que..). Mais la beauté de la ville qui nous aura le plus frappés n’est pas celle que l’on voit en marchant à travers celle-ci, mais celle que l’on s'est fait raconter quand la communauté répond "présent" à l’aide d’un de ses membres.
Une jeune mère de trois enfants qui doit subir une opération pour une tumeur au cerveau est certes candidate pour recevoir de l’aide de la part de la communauté. Si on y ajoute le fait qu’elle est séparée depuis quelques années, l’appel à l’aide est encore plus criant. Et si on y ajoute en prime le fait que sa famille immédiate demeure à quelques heures de route, de l’autre côté de la frontière, c’est certain que la situation remplit toutes les cases du formulaire de demande d’aide, si un tel formulaire existe.
En tout cas il y a quelqu’un qui a rempli le formulaire pour elle à Hanover. C’est que la communauté y est "tissé serré" là bas et un genre de "chaine d’aide" a été créée pour venir en aide à la famille. Comment? En préparant un repas par jour pour la famille. A chaque jour, à 17hrs (heure fictive, je trouvais que ça aidait mieux à imaginer l’histoire) quelqu’un sonnait à la porte avec un repas complet pour tout les membres de la famille y compris la famille qui avait traversé la frontière pour venir en aide. Chaque jour quelqu’un de nouveau arrivait avec un repas, le tout coordonné à travers un site web pour s’assurer qu’il y aurait livraison d’un repas à chaque jours. Un repas comprenant vin, mets principal préparé maison, dessert, etc.. Un repas qu’a décrit mon ami dans son message à l’église en guise de remerciement auprès de la communauté comme ayant eu une empreinte dans son coeur.. et sur son tour de taille avec quelques bourrelets en guise de cicatrices… (pas certains qu’il ait parlé de bourrelets cependant, mais ça aussi je trouvais que ca aidait à bien visualiser l’histoire).
Cette histoire de "chaine d’aide" m’a beaucoup interpellé, et j'ai pensé aux quelques fois où Marie à fait des soupers pour son amie d'en face qui a combatu deux cancers (merde on a oublié le vin!!). J’ai trouvé cela magique de voir le tout bien organisé. Tout à l’honneur de la communauté de Hanover. À l’image aussi de l’église où a eu lieu la cérémonie (Saint Thomas Episcopal). Une église des plus accueillante alors que le prête (father) a pris le temps d’apprendre quelques phrases en français ("Ce n'est pas juste"!), que la cérémonie à laissé beaucoup de place au texte français pour s’assurer que la moitié de la salle puisse comprendre et se sentir chez elle (y compris le "notre père…"). J’y ai vu ce qu’il y a de plus beau de ce que peut offrir une église, trop souvent malmené par ces histoires de religions qui poussent certains au zèle et aux extrêmes. Mais à la base l’église et la religion ont été créées pour combler un besoin de base qui est plus importance que ce dont on entend parler ces jours ci.
Une cérémonie remplie d’émotions, de beaux témoignages qui nous ont rappelé la force transcendante de Frédérique-Anne, de sa joie de vivre et de son humour omniprésent… L’émotion ayant commencé à remplir l’église lorsque le grand frère, l’ami, a pris sa guitare pour chanter la chanson "Let her go" de Passenger, comme un prélude aux témoignages et remerciement qui ont suivi. Une famille qui s’est serré les coudes pour être présente, toute ensemble, alors que leur fille/soeurs/cousines/amie était dans le besoin. Une famille qui en est ressortie d'une certaine façon grandie j’en suis certain, malgré la lourde perte.
Je suis allé à Hanover pour y donner de ma présence, de mon temps. Mais ce que j'y ai reçu fut encore plus précieux.
Tu vois, belle Coco, tout ceci n’aura pas été en vain. Tu auras réussi, encore une fois, à faire vivre tout pleins de choses à ta famille à travers de ton dernier voyage.
